L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Xe siècle. Drakkar normand

 

À la différence des navires des pays méditerranéens, dont nous ne savons presque rien, ceux des pays scandinaves nous sont connus par des documents irréfutables et à peu près complets. On a d’ailleurs découvert certains bateaux nordiques, contenant les restes de leurs chefs qui avaient choisi ce tombeau en témoignage de leur passion pour la mer et pour leur navire, dont la mort même ne pouvait les séparer. Les Sagas, poèmes épiques, chantent les exploits de ces magnifiques marins, sauvages, cruels et indomptables, pour qui la piraterie était la seule ressource et l’unique raison de vivre. Du fond des fjords, au printemps, appareillaient ces petits bateaux aux étraves décorées d’effrayants dragons sculptés : d’où leur nom de drakkar (navire dragon). D’audacieuses traversées les conduisirent au Groenland et au Canada. Les Vikings connaissaient la France, l’Espagne, l’Italie. Byzance parvint à apprivoiser ces terribles hommes et à les mettre un moment à son service. L’un d’eux, Guillaume le Conquérant, établi en Normandie, s’empara de l’Angleterre (en 1066). Les navires représentés sur la célèbre tapisserie de la reine Mathilde, à Bayeux, sont en tout point semblables aux bateaux vikings des siècles antérieurs. Le drakkar était un excellent vaisseau, identique à ses deux extrémités, ce qui lui permettait de naviguer indifféremment dans un sens ou dans l’autre. Sa coque construite à clins, c’est-à-dire avec des planches en chêne se recouvrant, était assemblée par des rivets de fer et des fanons de baleine. Le drakkar découvert à Oseberg mesure 21 m. 50 de long, 5 m. de large et sa profondeur est de 1 m. 75. Dans le renflement d’une membrure était planté un mât en bois de pin gréé d’une voile carrée. Les parois extérieures, auxquelles on accrochait les boucliers, étaient percées de petits sabords pour le passage des avirons. Tels étaient les navires que Thor, dieu de l’éclair et du tonnerre, protégeait, suivant la croyance des Vikings, dans leurs périlleuses randonnées.