L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
30

1909. Monoplan Blériot Xl (France)

TANDIS que Levavasseur et Latham préparaient l’« Antoinette » pour la traversée de la Manche, un autre constructeur s’efforçait de les prendre de vitesse : Louis BLÉRIOT. Ce dernier avait certes à son actif de belles performances : mais, en général, d’autres venaient précisément de les réaliser avant lui ! Par exemple, son vol de 30 km. dans la Beauce, le 31 octobre 1908, avait eu lieu le lendemain de l’exploit de Farman, reliant d’un coup d’aile Bouy à Reims. En outre, la fortune de BLÉRIOT avait été dévorée par ses avions « en papier de Chine » (comme on disait alors) et seul un succès immédiat pouvait le sauver financièrement. Son appareil, le type XI, était fin prêt lorsqu’un accident l’immobilisa à Douai le 19 juillet, jour où Latham s’élançait au-dessus de la Manche. Partie perdue ? Non, pas encore, car Latham échoue. Dès qu’il apprend cela, BLÉRIOT se décide à tenter immédiatement l’aventure. Le 25 juillet 1909, il décolle du terrain de Sangatte, près de Calais. Il passe bientôt au-dessus du contre-torpilleur « Escopette », puis disparaît dans la brume. À proximité des côtes anglaises, le vent secoue durement son avion léger. Des bateaux de pêche s’offrent à sa vue, il les suit, longe une falaise. Un peu avant le château de Douvres, une anfractuosité se présente sur sa droite, il s’y précipite. Sur le sol anglais qu’il survolait à présent, un homme agitait un drapeau français : c’était le rédacteur du Matin de Paris. Au moment où BLÉRIOT prend contact avec la terre, un violent coup de vent le renvoie en l’air, puis, l’instant d’après, le plaque brutalement au sol. Le train d’atterrissage et l’hélice étaient brisés, mais BLÉRIOT, indemne, venait de traverser la Manche ! Des soldats casernés non loin de là accourent à sa rencontre, et l’un d’eux dit en riant : « Voilà l’envahisseur ! »... Il était alors 5 heures 12 du matin. Ce vol, l’un des plus mémorables de l’histoire de l’aviation, avait duré exactement 37 minutes. Son monoplan (7,80 m. d’envergure, 8 m. de long) était propulsé par un moteur Anzani de 25 CV et pesait 400 kilos.