L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1842. Le Gomer, frégate à roues (France)

 

IL faut s’attarder un peu aux frégates à roues que l’on construisit en France ; il y en eut douze du même type, dont la longueur était de 71 m et la largeur (hors des tambours abritant les roues) de 19,83 m. La machine de 450 CV, de construction également française, actionnait les roues à 16 tours-minute, donnant au navire une vitesse de 10 nœuds. La soute à charbon de ces frégates avait une contenance suffisante pour leur permettre de traverser l’Atlantique entièrement à la vapeur ; le moment approchait où la voilure, devenue symbolique et décorative, allait pouvoir disparaître. Vu leurs capacités (principalement celle de la soute), le destin de ces bateaux était tout tracé : relier l’Ancien et le Nouveau Continent. Mais avant cela, en 1841, un premier voyage au long cours avait été accompli par un vapeur français à aubes : la corvette de 220 CV. L’Archimède qui, sous le commandement du capitaine de frégate PARIS, relia la France à la Chine par le Cap de Bonne-Espérance. Les premières lignes transatlantiques françaises furent donc desservies par les frégates issues du type Gomer. Mais ces navires furent aussi les plus grandes unités de guerre à roues que connut l’époque. Le Gomer eut, à cet égard, une carrière bien remplie. Lancé à Rochefort le 19 juillet 1841, il participa à la campagne des Antilles de 1843-44. Puis, aménagé spécialement pour recevoir à son bord la famille royale, il effectua des croisières sur les côtes de France et d’Angleterre. Il prit part ensuite aux campagnes de Crimée et du Mexique et ne fut désarmé qu’en 1868. Pourtant, l’artillerie de ces frégates (seize obusiers de 30) n’était pas suffisante pour leur permettre de combattre par le travers une frégate à voile du même tonnage. À plus forte raison, les frégates à roues ne pouvaient-elles rivaliser avec la formidable artillerie des vaisseaux de ligne. Aussi en fit-on les auxiliaires de ces derniers, chaque vaisseau étant doublé d’une frégate qui avait mission de la remorquer à son poste de combat. Là-dessus vint l’idée qu’il était plus simple et plus logique d’installer une machine sur les vaisseaux eux-mêmes...