L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1802. Brick de Commerce (France)

 

DEPUIS RICHELIEU jusqu’à la fin du règne de Louis XVI, le commerce maritime français fut très prospère, faisant à celui des Anglais une redoutable concurrence. Mais les guerres de la Révolution et de l’Empire firent perdre à la France ses plus beaux navires de charge, capturés un par un par les Anglais qui assuraient le blocus de toutes les routes maritimes. À la chute de NAPOLÉON Ier, la France n’avait pratiquement plus ni flotte de commerce ni flotte de guerre. Elle avait perdu ses clients à l’extérieur, et n’avait plus de colonies. Aussi les Français d’après 1815 se désintéressaient-ils de la marine... Il fallut de nombreuses années pour que cette pente fût remontée. Les quelques navires français, comme les bricks de commerce, qui avaient pu échapper à la surveillance des escadres britanniques, éprouvaient de grandes difficultés à se constituer des équipages ; en effet, priorité était donnée aux bateaux de guerre, qui faisaient une énorme consommation d’hommes et pour lesquels on recrutait tous les marins plus ou moins valides. Les primes d’assurance étaient écrasantes, dans la mesure même où l’agitation de cette période augmentait les risques. Pour diminuer ceux-ci, les navires se groupaient en convois. Venant des différents ports où ils avaient été chargés, ils se réunissaient dans une rade sous la protection des batteries côtières. Et là, pendant de longs jours parfois, ils attendaient qu’arrive leur escorte et que se lèvent les vents favorables. Quand survenait enfin l’escorte, les navires marchands devaient, pour bénéficier de sa protection, acquitter des droits toujours élevés et parfois exorbitants. En outre, l’Empire français avait fait une épuisante consommation de bois de marine ; des chênes de haute futaie existant sous la Révolution ne subsistait plus, en 1815, que la dixième partie. Le gouvernement de Louis XVIII, dans son ambition de restaurer la marine de guerre, réservait à celle-ci les pièces de premier choix ; il ne restait plus à la marine marchande que le bois trop frais, avec, comme résultat, une rapide déformation des coques.