L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1800. Frégate (Angleterre)

 

LES vaisseaux de haut bord, à deux et trois ponts, constituaient la ligne de bataille. Pour toutes les autres utilisations, auxquelles ces puissantes masses étaient pratiquement impropres, il fallait donc des navires plus petits, plus rapides, plus maniables. Les missions de reconnaissance, notamment, étaient confiées aux frégates et aux corvettes. Déplaçant 600 à 700 tonneaux, les frégates portaient, en une seule batterie, 32 ou 38 canons d’un calibre ne dépassant pas le 18 ou le 24, et 200 à 300 hommes d’équipage. La première frégate absolument typique fut l’Adventure, construite en 1748. Les frégates étaient basses sur l’eau. Leur pont très dégagé ne comportait ni dunette ni gaillard. Comparées aux vaisseaux, elles étaient plus rapides, plus élancées, leur mâture était plus élevée et leur voilure proportionnellement plus importante. Trop faibles pour entrer dans la ligne de bataille, elles étaient utilisées au combat comme éclaireurs ou pour transmettre les signaux de l’amiral aux autres vaisseaux de la ligne. Parfois l’amiral lui-même était embarqué sur une frégate, d’où il jouissait d’une vue d’ensemble de la bataille, qu’il pouvait ainsi mieux diriger. Quand les hasards des combats ou de la guerre de course mettaient en présence deux frégates, il en résultait de mémorables duels. Elles y rivalisaient de vitesse et d’habileté et le récit de leurs exploits enchantait les équipages quand ils se groupaient le soir, après le quart, autour du conteur ou du chanteur du gaillard d’avant ; de dramatiques histoires de vaisseaux-fantômes, telle la légende du « Hollandais volant », faisaient frémir l’auditoire ; là, dans l’ombre, scintillait la mèche à laquelle les hommes allumaient leur pipe. C’était le seul endroit des navires à voile et en bois où il fût permis de fumer, sous la surveillance ininterrompue d’un factionnaire. La frégate était, par excellence, le navire des expéditions lointaines et des voyages de découvertes. Elle le devint surtout lorsque les Anglais, suivis par les Français et les autres marines, l’eurent doublée de cuivre, en guise de protection contre les végétaux et animaux marins.