L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1792. La Tactique, brick de guerre (France)

 

LE brick apparut dans la marine française à la fin de la guerre d’Indépendance Américaine. C’était alors un bâtiment muni d’une coque de lougre ou de côtre, mais avec un gréement qui lui était particulier. Les premiers plans de bricks furent réalisés quelques années plus tard. C’était un bâtiment léger et rapide, bas sur l’eau, avec un mât de misaine, un grand mât incliné vers l’arrière et un beaupré avec foc et clinfoc. Le mât de misaine et le grand mât portaient chacun quatre étages de voiles carrées, gréement comparable à celui des navires à trois-mâts. La particularité du brick résidait dans le fait que sa grand-voile n’était autre qu’une brigantine ou voile aurique, enverguée sur une corne et reposant sur une sorte de bout-dehors nommé gui. C’est ce qui explique qu’au début, on ait employé le mot brigantin pour désigner ce nouveau type de bâtiment. En fait, l’ancien brigantin fut longtemps un navire à voiles latines, de la famille des galères, dont le nom passa à un bâtiment de commerce proche du brick, mais différent par sa taille et par des détails de gréement. Le mot « brig » n’apparut lui-même qu’à partir de 1782 dans les États de la Marine Royale et fut remplacé couramment par « brick » au début du XIXe siècle. L’historien Jal s’en plaignait amèrement, reprochant à l’Académie française d’avoir, à tort, adopté cette mauvaise variante de brig, qu’il disait contraire à l’étymologie. L’Amiral de RIGNY, Ministre de la Marine, lui donna raison en 1831 et décida que « brig » serait désormais l’orthographe officielle. Il faut croire que cette décision ne fut pas suivie d’effet !... Un brick de guerre comme la Tactique fut mis en chantier à Saint-Malo en 1792 sous le nom de Tigre. Il mesurait 30 mètres de long et près de 9 mètres de large, pour un déplacement de 267 tonneaux. Il était armé à l’origine de 20 canons de 6. La Tactique fut démolie en 1815. On créa par la suite des brick-avisos, fins et légers, destinés à accomplir des missions urgentes, des canonnières bricks chargées d’escorter les convois en temps de guerre, des brick-senaux et des brick-goélettes, au gréement plus particulier.