L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1760. Le Sans-Pareil (France)

 

LA taille et la puissance des navires tendent à augmenter. On va du vaisseau de 50 canons, avec 300 hommes d’équipage, au vaisseau de 120 canons avec 1200 hommes. Mais le gros des forces navales est composé de vaisseaux de 64, 74 et 80 canons, les trois-ponts étant réservés aux chefs d’escadre. Ce qui, en revanche, n’a pas progressé, c’est l’artillerie : pas de nouveaux types de pièces, pas de perfectionnement dans les méthodes de tir, dont la portée efficace n’excédait toujours pas 500 à 600 mètres. Voici d’ailleurs quelques caractéristiques du type de vaisseau de l’époque, armé de 108 canons : 56,40 mètres de long à la flottaison, 16,50 mètres de large au maître couple, 20 mètres de hauteur du fronton de dunette sur la quille, 2 990 m2 de surface de voilure, 1000 à 1 100 hommes d’équipage pour assurer la manœuvre de ces voiles et desservir l’artillerie. Le Sans-Pareil représente exactement le modèle des vaisseaux de premier rang dont la réalisation fut projetée entre 1757 et 1760, mais aucun bâtiment de l’époque ne porta ce nom. Pourtant, par deux fois, cette dénomination de Sans-Pareil fut proposée au bon plaisir du Roi, parmi les noms dont le Ministre de la Marine établissait une première liste sur laquelle ensuite Sa Majesté pointait les vocables de son choix : la première fois, en 1751, LOUIS XV préféra l’Océan ; la seconde fois, en 1757, le Roi pointa le Royal-Louis, le Médiateur, le Majestueux, l’Indomptable. Seul de ces quatre vaisseaux, le Royal-Louis fut construit, car, faute de crédits, on abandonna la réalisation des trois autres pour mettre sur cale des vaisseaux d’échantillon plus faible. Le Sans-Pareil n’a donc jamais existé que sous la forme d’une superbe maquette, à l’échelle 1/30e, conservée aujourd’hui au Musée de la Marine de Paris, et qui nous offre l’aspect exact que devait avoir le Royal-Louis lancé à Brest vers 1759. La figure de proue représente encore un lion, et on peut noter une nouvelle fois combien les sculptures de l’arrière se sont simplifiées pour s’adapter à la structure même du vaisseau, jouant un rôle à la fois fonctionnel et décoratif