L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Fin du XVIIe siècle. Galère

 

AU XVIIe siècle, la galère est arrivée au terme de son évolution. C’est un long fuseau d’une extrême finesse qui se termine par un éperon effilé. Au-dessus de ce fuseau, un grand, rectangle appelé " talar " déborde largement de la coque sur les côtés. Il est aménagé pour recevoir les vingt-six bancs de rameurs, surveillés par le garde-chiourme qui, armé de son fouet, va et vient sur la coursive (chemin surélevé dans l’axe du navire). À l’avant se trouvent l’artillerie et au-dessus de celle-ci un plancher pour les soldats et les matelots, qui peuvent également circuler sur deux chemins pratiqués de chaque côté du talar. À l’arrière il y a le carrosse et l’espale, où se tiennent les officiers; ceux-ci préservent leurs narines des mauvaises odeurs de la chiourme en reniflant le musc que contient le pommeau de leur canne. La décoration du bateau, réalisée par les plus grands artistes du temps, est d’une richesse inouïe. D’immenses et somptueux étendards et banderoles claquent au vent, donnant à la galère un air de fête qui contraste avec la misérable condition de la chiourme, nauséabonde, mal nourrie, mal vêtue, en butte aux mauvais traitements et rongée par la vermine. Véritable machine humaine sans âme, elle est commandée exclusivement au sifflet. Elle travaille et dort en plein air sur les bancs où elle est enchaînée. À l’arrière, parmi les officiers, survit l’esprit de la chevalerie; les plus grands seigneurs considèrent comme un honneur de servir sur ces inconfortables navires où la règle est de se faire tuer à son poste, sous peine d’être flétri, tondu et enchaîné au banc. Le combat se fait toujours à l’abordage et à l’aviron. Les galériens ont en bouche la « tape » (morceau de liège destiné à étouffer les cris de douleur des rameurs blessés) ; seuls ne sont pas enchaînés quelques hommes choisis qui pourront combattre pour mériter leur liberté. Des bastions improvisés défendent l’accès de la galère jusqu’à l’arrière, où le fougon (cuisine) est le dernier retranchement avant la chute du navire.