L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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XVIIe siècle. Le « Zeven Provincien » de Ruyter (Hollande)

 

LA puissance de la Hollande était née, au début du XVIIe siècle, de ses retentissantes victoires sur l’Espagne, dont les dépouilles l’avaient fabuleusement enrichie. Mais le même siècle n’était pas fini qu’elle vit déjà le déclin de cette puissance, pour des raisons qui, d’ailleurs, ne ternissent en rien sa gloire. La construction navale faisait de rapides progrès, on construisait toujours plus grand et la Hollande fut victime de l’augmentation de tonnage des navires. Aussi longtemps que les vaisseaux n’atteignirent pas 2.000 tonneaux, il leur était possible de pénétrer dans les ports hollandais en passant sur les bancs de sable ou dans des chenaux naturels accessibles à leur faible tirant d’eau. Mais lorsque ce dernier dépassa 4 m. 50, les bateaux nouveaux durent renoncer à entrer à Amsterdam, ce qui obligea les Hollandais à construire un avant-port. Pendant ce temps, la France et l’Angleterre, qui disposaient de ports en eaux profondes, continuaient da’accroître le tonnage de leurs navires; et la Hollande, freinée par des obstacles purement matériels, ne put suivre ses adversaires et concurrents plus heureux. Durant un certain temps, elle usa d’un expédient pour faire entrer quand même les vaisseaux dans ses ports : il s’agissait d’une sorte de dock flottant appelé « chameau » dans lequel on introduisait le bateau. Ensuite, à l’aide de pompes, on vidait le « chameau » qui, en se soulevant, entraînait le navire ; puis le tout était remorqué jusqu’au quai. C’est de cette façon que le Zeven Provincien, le magnifique bateau amiral de RUYTER, rejoignit Amsterdam au retour de ses glorieuses campagnes. Ruyter est un nom prestigieux dans l’histoire de la marine internationale. Considéré comme le meilleur marin de son temps, cet homme réorganisa la flotte hollandaise et la conduisit de victoire en victoire. Même ses ennemis lui rendaient hommage : tel Louis XIV qui offrit à Ruyter son portrait enrichi de diamants. Verrions-nous pareil geste de nos jours ?