L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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XVe siècle. Caraque

 

JUSQU’AU XVe siècle, les châteaux installés sur la proue ou la poupe des bateaux de commerce pour les transformer en bateaux de guerre, étaient des constructions peu rationnelles et d’une solidité précaire. Avec les progrès réalisés dans l’art maritime, ces châteaux finissent par s’incorporer au bordé. Celui de l’arrière prend de plus en plus d’importance; celui de l’avant a l’aspect d’une massive plate-forme triangulaire presque entièrement en porte-à-faux sur l’étrave. La tonture, c’est-à-dire la courbure longitudinale du pont, est très prononcée et, dans la coupe transversale, la largeur au niveau du pont — plus étroite que la largeur à la flottaison — dessine une forme nouvelle qu’on appelle la « rentrée ». Sur les flancs de la coque apparaissent des renforcements extérieurs verticaux qui ont pour but de consolider la coque. Ces renforcements, qui devaient ralentir la vitesse tout en envoyant de belles mais inutiles gerbes d’embruns sur le pont, ne disparurent que bien plus tard : le jour où les architectes navals auront l’idée de placer à l’intérieur de la coque un cloisonnement serré qui donnera plus de solidité au navire. Les canons, à cette époque, lançaient d’inoffensifs boulets pleins dont la portée atteignait à peine cent mètres ; ils n’étaient guère dangereux que pour les artilleurs, toujours menacés de voir les pièces leur voler en éclats à la figure !... Ces boulets arrivaient sans force sur les toits inclinés au moyen desquels se protégeaient les navires adverses. Le gréement se composait de trois mâts dont le principal était celui du milieu, énorme, très haut, fait de pièces liées ensemble; surmonté d’une hune, il portait une grande voile carrée. Les deux autres mâts, beaucoup plus petits, portaient de très petites voiles servant moins à la propulsion qu’aux évolutions. Les voiles étaient unies mais ornées d’une croix lorsque le navire, cinglant vers des pays inconnus, devenait messager de la Foi. La coque était peinte de couleurs vives et bariolées.