L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Antiquité. Bateau du Nil (Égypte)

 

DANS l’Antiquité, l’Égypte tirait toute sa subsistance du Nil et de ses crues providentielles. Tout le trafic se faisait par voie d’eau, la barque étant le seul véhicule économique et commode. La plupart des objets du culte, ainsi que beaucoup d’ustensiles d’usage courant avaient la forme de bateaux. Grâce à eux nous avons une idée assez précise de ce que fut le bateau en Égypte. La silhouette est toujours la même : extrémités relevées, lignes arrondies. Cette technique de construction était rendue obligatoire par le matériau employé, car les grands arbres étaient rares en Égypte et les charpentiers navals ne disposaient que de planches étroites et courtes ne dépassant pas un mètre de long. Le bateau ainsi fabriqué était fragile et peu apte à la navigation en haute mer. Tout en conservant son allure générale, il était d’une grande diversité suivant l’usage que les Égyptiens en faisaient sur le Nil, depuis la barque funéraire jusqu’aux allèges capables de transporter les immenses et pesants obélisques taillés d’une seule pièce dans d’énormes blocs de pierre. Les barques de passagers et les embarcations de plaisance des grands seigneurs sillonnaient sans cesse ce fleuve pareil à une chaussée. Décorées et peintes de vives couleurs, elles devaient donner un air de fête perpétuelle à ces paysages. Un mât supportait deux vergues sur lesquelles était gréée une voile de lin ; le plus souvent, toutefois, c’était au moyen de pagaies, maniées en cadence, que ces bateaux étaient propulsés. Mais la pagaie exige un effort disproportionné avec le rendement obtenu. C’est pourquoi elle fut – environ 2.500 ans avant J.-C. – remplacée par la rame, puissant levier fixé au bord du bateau et qui peut être actionné par plusieurs hommes à la fois. Il ne semble cependant pas que les Égyptiens aient utilisé plusieurs rameurs par aviron. Sur le modèle de petit bateau de commerce qui est représenté ici, on remarquera le gouvernail pivotant sur son axe, sous l’action de la barre que tient le timonier.