L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Pirogue préhistorique

 

LES premiers hommes ont laissé sur les murailles des cavernes qu’ils habitaient de remarquables reproductions d’animaux gravées ou dessinées. Mais, chose curieuse, ils ont toujours été incapables de représenter des bateaux autrement qu’avec une extrême maladresse. Ce sont les peuplades primitives existant encore de nos jours qui nous fournissent les meilleures indications sur la manière dont nos lointains ancêtres construisaient leurs pirogues. Ils prenaient un tronc d’arbre préalablement débarrassé de ses branches, et sur la partie à évider, disposaient des braises ardentes. Quand la combustion avait commencé à faire son œuvre, ils retiraient les braises, grattaient le bois brûlé et – pour préserver du feu les parois intérieures déjà creusées – ils enduisaient celles-ci d’une épaisse couche de terre glaise humide. À mesure que le creux devenait plus profond, ils le cernaient ainsi d’une nouvelle couche de glaise. Les extrémités de la future pirogue étaient façonnées au moyen de pierres surchauffées qu’ils appliquaient directement sur le bois... Constituée par un seul tronc d’arbre, la pirogue primitive était difficile à manœuvrer et ne pouvait transporter d’importantes cargaisons. Pour la rendre plus maniable et augmenter sa capacité, il ne suffisait pas de la creuser avec toujours plus d’ingéniosité. Les hommes eurent l’idée de fixer, le long des troncs d’arbres qu’ils évidaient, des rangées de planches de plus en plus nombreuses. Et c’est ainsi qu’au cours des siècles se perfectionna sans cesse l’architecture navale. La pirogue d’une seule pièce de bois grossier avait été le point de départ ; le navire fut l’aboutissement. Les planches qui prolongeaient les flancs de la pirogue formèrent la coque. Quant au tronc d’arbre initial, il s’enfonça peu à peu dans l’eau pour devenir la quille. La quille, véritable épine dorsale de tout le bateau. La quille, vestige de la première pirogue, très lointain souvenir des débuts de la navigation...