L’HISTOIRE DE L’AUTOMOBILE – des origines à 1900
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1862. Locomotive routière de Fowler (Grande-Bretagne)

 

SI les progrès de l’automobile avaient été entravés de tant de façons en Angleterre, ceux de la locomotive sur rail avaient été, eux, grandement favorisés. Les ingénieurs britanniques avaient mis au point des modèles de locomotives qui, au milieu du XIXe siècle, atteignaient déjà à une certaine perfection... Aussi des constructeurs eurent-ils l’idée d’adapter tout simplement à la route les machines qui, sur rails, donnaient d’excellents résultats. À l’occasion de l’Exposition de Londres de 1862, plusieurs constructeurs présentèrent des types de locomotives routières remarquablement bien conçues et à ce point parfaites que des machines du même type sont toujours en usage de nos jours, presque sans aucune modification. L’idée première de ces constructeurs était d’utiliser ces machines pour tirer des wagons-diligences sur les routes mais, sans doute pour ne pas recommencer les amères expériences de Scott-Russel et Hancock, ils se tournèrent vers un domaine jusqu’alors inexploité par la mécanique à vapeur : l’agriculture. Sous l’impulsion de FOWLER, ils adaptèrent ces véhicules au battage du blé et au grand labourage, grâce à un câble et un treuil de retour. Pour le battage, l’axe du volant du mécanisme était muni d’une poulie tandis que, pour le labourage, un treuil était disposé sous la chaudière. FOWLER, promoteur de ce système, avait conçu et réalisé sa machine avec un talent et une prescience remarquables. Lente mais forte, d’un entretien facile, cette machine, qui pesait de 9 à 10 tonnes, eut un succès immédiat et les commandes vinrent très nombreuses. Mais les vieilles haines n’étaient pas encore éteintes, le progrès effrayait beaucoup de gens et menaçait trop d’intérêts ; il ne fallut guère attendre pour qu’une loi fût votée !... En 1865, le Red Flag Act (loi du drapeau rouge) limitait la vitesse de ces engins à 2 milles en ville, 4 milles sur route et obligeait un piéton à les précéder en agitant un drapeau rouge ! Pourtant les locomotives routières, lentes de nature, ne souffrirent pas trop de cette brimade.