1914. Biplan Albatros (Allemagne)

L’ANNÉE 1913 avait été pour la France, en aéronautique, celle de l’apothéose. Aucun record, aucun exploit n’avait échappé à un pilote ou à un appareil français. Avance technique que nul pays, à première vue, ne pouvait songer à égaler avant des années. or, au début de 1914, apparut soudain une rivale bien dangereuse pour la France : l’Allemagne. À la veille de la Grande Guerre, les Français n’avaient pu empêcher la progression magistrale de l’aviation germanique. Les performances réalisées par les Allemands de janvier à août 1914 avaient été accomplies la plupart du temps avec des moteurs Mercedes, de cylindrée et de puissance réduites, mais d’une remarquable robustesse. Les firmes de construction aéronautique d’outre-Rhin s’étaient développées d’une manière étonnante : les monoplans et biplans qu’elles sortaient étaient des machines solides et d’une ligne très pure. Une de ces marques se distingua particulièrement dans la lutte acharnée que se livraient alors les constructeurs rivaux : Albatros. Cette empoignade aérienne débuta le 3 février 1914 lorsque l’Allemand Langer effectua un vol de 14 h. 7 min, sur un biplan « Roland », performance aussitôt battu par son compatriote Ingold qui, sur biplan « Aviatik », vola de Mulhouse à Munich en 16 h. 20 min. Mais le 11 février, Langer ripostait par un vol de Berlin à Posen en 16 heures. Sur ces entrefaites, un Français vint se mêler à la lutte : Poulet, sur « Caudron G-3 » de 60 CV, qui tint l’air 16 h. 28 min. à Étampes. Le 23 juin, l’Allemand Basser contre-attaquait avec un vol de 18 h. 7 min. sur « Rumpler ». Mais les 27 et 28 juin, Landman sur Albatros réalisait 21 h. 50 min. Enfin, le 10 juillet, sur Albatros encore, Boehm quittait le terrain berlinois de Johannistahl, emportant 600 litres d’essence pour alimenter son moteur Mercedes 6 cylindres de 75 CV, et, le premier au monde, réussissait à tenir l’air 24 heures (24 h. 12 min. exactement). Exploit rendu possible, en grande partie, par l’excellent balisage des aérodromes et la parfaite organisation allemande. C’était le triomphe aussi de la formule donnant aux avions un moteur plus lourd, mais en même temps plus robuste.