L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1912. Sesquiplan Otto (Allemagne)

SI la France fut la première nation à se constituer une aviation militaire, son exemple fut rapidement suivi. L’Italie, la Belgique et la Russie firent d’intéressantes tentatives d’organisation. Mais l’effort de deux autres nations fut particulièrement remarquable : celui de l’Autriche-Hongrie et celui de l’Allemagne. Dans ce dernier pays, l’importance donnée au dirigeable (grâce au fameux comte von Zeppelin) ne fit pas oublier le rôle stratégique que pouvait jouer l’aviation. Dès 1910, lorsque l’état-major français fit participer pour la première fois des avions aux man’uvres de Picardie, l’attaché militaire allemand en France suivit les opérations de fort près et son rapport fut lu avec grande attention à Berlin. L’année suivante, huit aéroplanes et quelques canons anti-aériens étaient de la partie lors des grandes manœuvres allemandes. Celles de 1912 virent l’entrée en lice de trente-deux appareils, la plupart de construction allemande. Mais l’impréparation des pilotes fit mal tourner l’expérience : pour finir il ne resta qu’un avion du parti rouge et un du parti bleu, les autres s’étant brisés, blessant ou tuant ceux qui les montaient. Le triomphe des zeppelins fut total : ils remplissaient leur mission (renseigner le commandement par T.S.F.) avec d’autant plus d’aisance qu’il n’y avait aucun obus dans le ciel !... Mais l’état-major allemand réagit avec force et prit des mesures draconiennes pour doter le pays d’une aviation efficace, et surtout, absolument indépendante de l’étranger. Parmi les premiers constructeurs qui répondirent à l’appel, OTTO se distingua en présentant un avion sesquiplan (d’envergures inégales) à cabine surbaissée et avancée et à ailes recourbées vers l’arrière. Cet avion était doté, pour la première fois, d’un train d’atterrissage libre de patin avant : les roues jumelées par groupes de deux se trouvaient sur un seul axe. Capable de performances honorables, l’engin d’OTTO ouvrait la voie à une simplification des lignes. Sous ce chapitre, d’ailleurs, les Allemands allaient rapidement devenir les égaux des Français.