L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1908. Le « June Bug » de Curtiss (U.S.A.)

À part les frères Wright qui poursuivaient secrètement leurs essais depuis 1903, personne aux États-Unis ne se souciait d’aéronautique. Celle-ci avait besoin, pour prendre son élan outre-Atlantique, de l’intervention d’une forte personnalité. Elle la trouva en la personne d’Alexander Graham Bell, lorsqu’en 1907 le célèbre inventeur du téléphone fonda une compagnie avec divers associés, dont Selfridge (qui allait être la première victime de l’aviation) et Glenn CURTISS. Très vite, la compagnie (que finançait Mme Bell) réalisa un appareil biplan de forme assez curieuse : le « Red Wing ». Équipé de patins, cet avion effectua, le 12 mars 1908, un vol d’une centaine de mètres au-dessus du lac Keuka (New York). Le second appareil, le « White Wing », décolla trois mois plus tard, mais de terre et non plus de la surface glacée d’un lac. Vint le troisième engin, appelé le June Bug, doté du même type de voilure que les deux précédents mais dont l’entoilage avant avait disparu. C’est CURTISS, réalisateur de son moteur, qui le pilota, gagnant à son bord, le 4 juillet 1908, une épreuve qui le vit parcourir – comme Henri Farman l’avait fait six mois plus tôt – une distance d’un kilomètre. Le moteur de cet avion avait pour particularité de dégager, au moment du décollage, un épais nuage de fumée. Inconvénient dont ne souffrait plus le modèle suivant, ce « Silver Dart » qui devait être le plus brillant de l’équipe : cet appareil, qui comportait un élévateur double à l’avant, accomplit en février 1909 le premier vol au Canada, en parcourant sept kilomètres au-dessus d’un lac gelé. Par la suite, les engins de la compagnie fondée par Bell réussirent des vols atteignant jusqu’à 38 minutes de durée et 25 kilomètres de distance. L’influence de ces exploits fut considérable sur le public américain. À ce groupe d’hommes et spécialement à CURTISS, l’aviation doit l’importante découverte de « l’aileron », pièce qui avait tant fait défaut aux pionniers. Grâce à elle, la fameuse instabilité latérale allait être supprimée et l’avion devenir maniable et docile.