L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1907. La « Demoiselle » de Santos-Dumont (France)

DEPUIS dix ans déjà, SANTOS-DUMONT faisait parler de lui. Ses exploits, ses atterrissages forcés dans les cours et jardins privés avaient créé une légende autour de ce petit homme débordant d’activité. Fin 1907, il créa la Demoiselle, minuscule monoplan de toile et de bambou : tout y était sacrifié à la légèreté, à tel point que ce curieux appareil ne pesait que 106 kilos, pilote compris ! En authentique précurseur, SANTOS-DUMONT avait compris tout l’intérêt de l’avion léger et bon marché. Sa Demoiselle volait d’ailleurs remarquablement. Pour son coup d’essai, le 16 novembre 1907, à Issy-les-Moulineaux, il franchit 200 mètres à 6 mètres de haut. L’avion, qui avait 5,10 m. d’envergure et 6,00 m. de long, était équipé d’un moteur Dutheil-Chalmers de 18-20 CV. En 1909, la Demoiselle fut dotée de quelques éléments nouveaux : un moteur Darracq de 25 CV, une hélice en bois de forme très étudiée, de même qu’un système de refroidissement à tubes capillaires placé sous les ailes, à proximité du moteur. À bord de cet appareil transformé, SANTOS-DUMONT couvrit, au mois de septembre 1909, une distance de 8 kilomètres en 5 minutes. Le pilote ne se trouvait pas « sur » l’appareil, mais « en dessous » : assis sur une sangle, la direction était assurée par un volant, un harnais porté par le pilote permettant la commande du contrôle latéral par le gauchissement des ailes. La légèreté de la Demoiselle permit à SANTOS-DUMONT de battre le record de décollage en s’élevant après n’avoir roulé que sur une distance de 65 mètres. Il couvrit de petits trajets réservés jusque-là à d’autres moyens de locomotion : bien souvent, il partait de Saint-Cyr pour aller atterrir dans quelque propriété de ses amis... Cet appareil fut – et ç’aura été son principal mérite – le premier type valable d’avion de tourisme léger à la portée de l’amateur moyennement fortuné. Expérience qui ne combla pas tous les espoirs de son auteur : les clients n’affluèrent pas. Et pourtant, ce n’était pas un profit matériel que SANTOS-DUMONT en attendait ; c’était le triomphe d’une idée. Sans doute, celle-ci venait-elle trop tôt...