L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1907. Monoplan Blériot type V « Canard » (France)

APRÈS les démonstrations de Delagrange à Bagatelle et à Issy-les-Moulineaux, le public commença à appeler les avions du nom de leurs constructeurs. On applaudit le « Voisin » ; puis, on courut voir le « Blériot ». L’échec de l’aéroplane à flotteurs avait, en effet, désuni l’équipe Blériot-Voisin, et Louis BLÉRIOT poursuivait seul la réalisation de ses projets personnels. Son premier engin fut un appareil aux lignes plutôt curieuses, auquel son long fuselage étiré vers l’avant – comme un cou – valut d’être baptisé Canard. Il mesurait 7,80 m. d’envergure et 6,65 m. de long. Son aile unique était munie de pointes relevées, que le pilote pouvait gauchir à volonté : système destiné à remédier au manque de stabilité latérale dont avaient souffert, tous les avions depuis les vols d’Ader et des frères Wright. Une fois l’appareil penché, il devenait difficile et parfois impossible de le relever. Le premier, Lilienthal avait doté ses planeurs de pareils décrochements d’aile, de façon à provoquer des remous d’air de valeur inégale ; et après lui, Santos-Dumont avait partiellement résolu le problème de la stabilité en accentuant le dièdre (c’est-à-dire l’angle) des ailes... Les premiers essais de BLÉRIOT se déroulèrent en mars 1907 et furent interrompus par la rupture du train d’atterrissage. Les avaries réparées, le pilote amenait, le 5 avril, son Canard à Bagatelle, lançait le moteur " Antoinette " de 24 CV et, après un excellent départ, parvenait à soulever l’avion sur 5 ou 6 mètres de distance. Le 19 avril, il reprenait la piste et réussissait un vol d’environ 10 mètres à 80 cm de hauteur ; mais, en se posant, l’appareil basculait sur la droite et se brisait ! Une fois de plus, c’était le train d’atterrissage qui avait amené la casse : nouvelle et dure leçon, qui toutefois fut profitable à BLÉRIOT ; car plus jamais aucun de ses avions ne fut pourvu d’un train d’atterrissage trop étroit ou fragile... Malgré ses défauts, le Canard V révélait un souci d’aérodynamisme remarquable pour l’époque. Cette qualité allait se retrouver, encore plus poussée, dans le " type n° VII " qui remplacerait, avantageusement, le Canard défunt.