L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1828. Ballon de Margat (France)

PENDANT la première moitié du XIXe siècle, les aéronautes professionnels étaient très nombreux. Les gens aimaient suivre les ascensions des ballons et ne regardaient pas à débourser un peu d’argent pour assister aux préparatifs et au lancement d’un engin. Lorsque l’ascension était accomplie par une femme portant le pantalon, l’intérêt redoublait forcément. Nous avons déjà cité quelques femmes aéronautes, comme Madame Blanchard ; et, justement, Jean Margat et sa femme, Français eux aussi, tout comme les époux Blanchard, se firent une certaine renommée, en France et à l’étranger, grâce à leurs démonstrations exécutées entre 1812 et 1828. Pendant ce laps de temps, les familles de professionnels du vol furent nombreuses ; rappelons-nous les Garnerin, Robertson et ses fils, les époux Guillé, Wise et Paullin. Mais Jean Margat exerçait la profession d’aéronaute depuis 1809, en fabriquant de petits ballons qu’il lançait à l’occasion de réjouissances publiques, de foires ou de fêtes locales ; et c’était presque toujours sa femme qui effectuait les ascensions devant les foules admiratives. En 1830, les conjoints Margat, se séparèrent temporairement. Jean Margat se mit au service de l’armée française, pour le compte de laquelle il effectua quelques ascensions pendant la campagne pour la conquête de l’Algérie. Ses entreprises, hélas, coûtèrent à la France la perte d’un navire ! Le brick La Victoire coula dans la rade de Hyères justement par la faute du ballon de Margat. Non pas à cause d’un « bombardement » mal dirigé accompli par l’aéronaute, dont les devoirs, du reste, se limitaient à l’observation, mais à cause d’un incident vraiment curieux. Le roulis et le tangage du petit bateau provoquèrent la rupture des récipients de verre contenant de l’acide sulfurique destiné à produire l’hydrogène nécessaire au gonflement du ballon. L’effet du terrible corrosif sur le bateau de bois fut, comme on peut l’imaginer, catastrophique, et La Victoire coula pour toujours au plus profond de la mer.