L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1784. Ballon de l’Académie de Dijon (France)

DANS la seconde moitié du XVIIIe siècle, les Académies fleurissaient dans toute l’Europe, et surtout en France, où chaque ville ou village d’une certaine importance avait la, et même les siennes. L’école philosophique fondée par Platon dans les jardins dédiés par la ville d’Athènes au héros Academo n’avait naturellement aucun rapport ; mais l’Académie, déjà depuis le siècle précédent, avait rempli et remplissait encore une fonction à ne pas sous-estimer — aujourd’hui que le mot a pris une signification ironique, voire péjorative — dans la promotion des arts et des sciences. Aucun sujet qui concernait, de quelque façon que ce soit, le progrès de la culture humaine dans toutes ses significations et ses nuances, n’échappait à l’attention des Académies. Il y avait des Académies philodramatiques et des Académies scientifiques, des Académies musicales et des Académies des Beaux-Arts ou des Lettres, toutes dotées de devises et de symboles suggestifs et frappants. En France, la contribution de ces Académies au progrès de la science fut énorme, et un sujet tel que l’aérostat ne pouvait échapper à l’intérêt de leurs membres. À Dijon, par exemple, l’étude du problème fit l’objet d’expériences intéressantes. L’Académie de la ville fit construire à ses frais et expérimenter par l’aéronaute GUYTON DE MORVEAU un ballon spécial « muni de moyens de direction et de propulsion ». Ceux-ci consistaient en deux grandes rames fixées à la nacelle, tandis que deux autres énormes panneaux battants étaient fixés de chaque côté du cercle équatorial du ballon. Sur le même cercle, on avait fixé aussi un gouvernail, — supposé tel, et un coupe-vent. Les expériences de l’appareil de l’Académie de Dijon furent accomplies le 25 avril 1784 par Morveau seul, puis, le 12 juin, toujours par lui, mais accompagné cette fois de l’Abbé Bertrand et de M. De Virly. Sous l’impulsion des propulseurs, les aéronautes obtinrent, par de grands efforts musculaires, une légère déviation et une faible rotation du ballon.