L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1783. Le ballon de Charles et Robert (France)

SOUVENT, quand les temps sont mûrs, comme on dit, pour le développement d’une science donnée, il arrive qu’une même idée révélatrice retentisse dans l’esprit des différents chercheurs, pourtant éloignés et inconnus les uns des autres. C’est ce qui arriva aussi à l’aérostatique. Tandis que Blanchard s’occupait de sa machine ailée et que les Montgolfier s’affairaient autour de leur fourneau à air chaud, un physicien d’origine italienne, Tiberio Cavallo, s’ « amusait » à souffler dans son laboratoire d’étranges bulles de savon. Elles s’élevaient au plafond bien plus rapidement que toutes les autres, car, à l’intérieur, elles n’étaient pas remplies d’air, mais d’hydrogène, quatorze fois plus léger que l’air. Tiberio Cavallo était né à Naples en 1749 et s’était installé en Angleterre en 1771 pour se livrer au commerce. Mais une irrésistible attraction vers les études de physique le détourna bien vite de son négoce. Ce n’est pas notre propos de raconter ici toutes ses inventions ingénieuses ; par contre, ses découvertes sur l’emploi de l’hydrogène pour gonfler les aérostats, sont certainement antérieures à toutes les autres. Les temps, du reste, évoluaient rapidement, et le progrès se manifestait avec un élan irrésistible dans la nouvelle et merveilleuse possibilité de s’élever dans l’air qui était offerte à l’homme. Très peu de temps après les triomphes des Montgolfier, le 1er décembre 1783, le premier grand ballon gonflé à l’hydrogène, monté par deux Français : Alexandre César CHARLES et Nicolas Louis ROBERT, s’élevait et allait se poser deux heures cinq minutes plus tard à Nesles, près de l’Isle-Adam. Charles repartit, seul à bord de l’aérostat, qui monta à 3 000 mètres et se posa définitivement trente-cinq minutes plus tard à La Tour du Lay. Ce ballon constituait un énorme progrès par rapport aux prototypes de la même année : il était déjà doté d’une calotte vernie, d’une légère nacelle, d’un lest, d’une valve de sécurité et d’un appendice pour freiner.